MÉDITATION, UN SILENCE IMPOSSIBLE ?

Publié par Jean-François Clausse

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Je vis dans un appartement bruyant.
Au moment où je vous parle, les voitures défilent sous mes fenêtres.
Ma petite voisine du dessus écoute beugler un rappeur.
Et là, à 50 cm de mon bureau partagé, les doigts de ma chérie frappent le clavier de son ordinateur à un rythme aussi insupportable pour mon système nerveux que pour mon système auditif.
Et pourtant je l’aime. Vraiment. Énormément.
Et puis il y a ce mental qui tambourine à mon esprit volatile et me fait la leçon :
‘’Calme-toi. Ces bruits réveillent une colère qui est déjà en toi. Tu es juste en train de t’énerver parce que tu n’as rien glandé de la matinée et que tu n’as pas été capable de te mettre à écrire avant 15h’’.
Non mais vous imaginez ça ?!
Cette machine anti-méditation qui vous envoie 60 pensées par seconde pour vous empêcher de vous relaxer est, au moment même où j’essaie péniblement d’écrire ces quelques lignes, en train de me demander… DE ME CALMER !!! Mais aaaaaaargh !!! C’est une blague ?!!!!

Que vous soyez méditant débutant ou expérimenté, frustré ou accompli, je sais que vous comprenez EXACTEMENT de quoi je parle. Parce je sais qu’au moins une fois dans votre parcours, tout comme moi, vous vous êtes dit :
 »Non mais OK j’arrête ! La méditation c’est un truc de moine, de nonne, je ne suis pas né dans le bon pays avec la bonne toge c’est tout. Bye bye ! Allo ? Petit Bambou ?… Arrêtez tout. Y’a eu erreur. Je stoppe l’abonnement ». Et vous avez renoncé.
Et bien je crois que je peux vous aider.
Figurez-vous qu’au milieu de cet immense tintamarre intérieur et extérieur est apparue comme… l’étincelle d’une illumination ! 🙂


MA THÉORIE

Et si tout le monde se trompait à propos de la méditation ?… Et si il ne fallait pas chercher le silence ?… Et s’il fallait au contraire ÉCOUTER CE TAPAGE INTÉRIEUR ?…
Imaginez : vous êtes en (train d’essayer, à nouveau, de faire une) méditation…

Vous savez bien que ‘’ces pensées qui surgissent ne sont que des petits nuages blancs qui ne font que passer dans le ciel bleu de votre esprit’’ et qu’il convient de les laisser passer. Vous le savez.
Mais vous ne pouvez pas le faire !
Parce que ça vous démange, là, derrière votre oreille… Parce que vous pensez à racheter une plaquette de beurre, à rappeler votre mère, à ne pas oublier de récupérer le petit chez la nounou, parce que bla bla bla…
Et bien c’est EXACTEMENT à cet instant là que s’est noué le destin des centaines de personnes qui se sont dit que non, définitivement, la méditation c’était peut-être super pour Christophe André mais pas pour elles.
Tout ça parce qu’elles ne réussissent pas à NE PAS suivre ces foutus nuages dans le ciel bleu !


Mais bon sang ! Mais…

POURQUOI ?!

C’est vrai quoi ?! Pourquoi on ne les suivrait pas ces nuages ! Pourquoi on ne les suivrait pas nos mentals (ça se dit ça : ‘’nos mentals’’ ?! 🙂 ) quand ils nous font ces passages du coq-à-l’âne et sans queue ni tête ! Il est où le risque mortel ? Il est où le danger ? De se faire punir par le Dalaï Lama ?… D’être blacklisté de tout nirvana pendant plusieurs vies ?…

On n’est pas bien là pourtant ?… Allongé ou assis, au calme, en train de refaire notre liste de courses ou le planning de la semaine ? Quand on aura terminé, on va peut-être bien penser encore à répondre à un mail ou deux mais après… Il va bien finir par se calmer non ce fameux ‘’flot ininterrompu de pensées parasites que vous regardez passer’’ ?…

Car c’est bien ici que se cache la filouterie de nos maîtres en spiritualité et méditation ! En nous faisant culpabiliser de ne pas réussir ce truc simple mais pourtant impossible, consistant à imposer le silence à un mental envahissant, ils nous maintiennent dans notre incapacité à nous élever de ce maudit statut de débutants permanents.
Médiocres frustrés, empêtrés et esclaves de nos pensées galopantes nous sommes et nous resterons !


MON AVIS

Mon avis ? : il y a maldonne. Ce flot de pensées n’est pas notre ennemi. Il est notre vitalité, notre énergie, la preuve de notre engagement dans ce monde. Il est juste… le fleuve de notre vie !
Alors pourquoi ne pas l’accepter ? Pourquoi ne pas renoncer ?
Fou n’est-il pas celui qui lutte contre un fleuve ? (Tiens ! Pourquoi est-ce que je me mets à parler comme maître Yoda moi ?!… 🙂 ).

Alors suivons ce mouvement permanent là où il veut nous mener !
Plongeons dans les tourbillons et les méandres de ce fleuve, laissons-nous couler et refaisons surface autant que nous le voulons car nous sommes ce fleuve et nous sommes la vie elle-même !

Ces pensées dites parasites ne sont, en fait, que les éclaboussures de nos existences, acceptons qu’elles mouillent nos visages et même qu’elles nous fassent parfois boire la tasse !
Demande-t’on à un nageur de regarder passer les gouttes d’eau ? Non. Alors ne demandons pas à des rêveurs de regarder passer les nuages. Attrapons-les. Saisissons-les !

 


JE SAIS…

… les bouddhistes nous recommandent de ne surtout pas saisir. Ni les pensées qui passent, ni les événements de notre vie, qu’ils soient positifs ou négatifs. On appelle ça l’équanimité. J’entends ça et je le comprends.
Mais par pitié, avant de devenir éventuellement un jour des experts, autorisons-nous à être libres, joyeux et vivants. Y compris dans nos méditations !
Un mauvais méditant vaudra toujours mieux qu’un bon médisant ou qu’un bon médicament.
Donc soyons des méditants imparfaits !

Et puis, sérieusement… Avez-vous déjà tenté de saisir une pensée pendant une méditation ? De la fixer et de ne pas la lâcher… Essayez, c’est édifiant ! Vous ne tiendrez pas 5 secondes. C’est aussi compliqué de tenir une pensée que de n’en saisir aucune !


 »Détendez-vous, donnez à la vie une chance de couler, sans aide mentale ni effort.
Arrêtez d’essayer de diriger le flux de la rivière. » Mooji


MON CONSEIL

Mon conseil le voilà : soyez comme vos enfants : amusez-vous. Ne méditez plus :

JOUEZ A MÉDITER !

Surfez allégrement d’une pensée à l’autre. Sautez de nuage en nuage jusqu’à ce que le ciel se dégage. Jusqu’à ce que le fleuve se calme et jusqu’au silence. Enfin…
Et surtout ne croyez pas que cette pratique n’est accessible qu’à des initiés, des moines ou des maîtres. Croyez-moi. Laissez faire. Renoncez à vous battre contre le courant de cette vie qui vous traverse. Accompagnez-le. C’est possible et accessible à tout le monde. A vous comme à moi.

REGARDEZ

Je viens d’écrire toute une après-midi à l’aplomb d’une rue où circulent 2000 voitures par heure, à côté d’une championne de dactylo qui tape à 400 frappes par minute, avec du mauvais rap dans mes oreilles et un mental assourdissant qui m’a fait passer d’un écran à l’autre, d’une idée à l’autre, d’une fesse sur l’autre, d’une pensée à l’autre.
Et pourtant je termine cet article…
Alors que la circulation se calme sous mes fenêtres.
Alors que le rappeur s’est tu.
Alors que ma chérie est partie nous faire chauffer de l’eau pour un thé.
Et que je l’aime. Vraiment. Énormément.
Autant que j’aime les tumultes de ma vie.
Et autant que j’aime ce silence devenu enfin…
Possible…

 

 

 


‘’Le fleuve jaune a lui même, parfois, son eau limpide.
Est-ce que l’homme n’aurait pas, lui aussi, quelques jours heureux ?’’

Proverbe chinois



Besoin d’un petit coup de pouce supplémentaire pour commencer la méditation ?… 😉




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Categories: Changer au quotidien

6 Commentaires

Valérie · 28 avril 2019 à 19 h 56 min

Toujours joliment écrit. Moi j’aime les tumultes dans mon cerveau, dans mes oreilles ou devant mes yeux. Ca me fait me sentir vivante … un peu comme lorsque je cours sous la pluie et dans le vent. Méditant débutant, oui sûrement, mais méditant vivant 🙂

    Jean-François Clausse · 29 avril 2019 à 22 h 03 min

    Merci Valérie ! J’aime beaucoup l’analogie avec la course sous la pluie c’est très parlant :-).

Lynfit · 29 avril 2019 à 14 h 01 min

Je lis tes articles avec délectation, quel style ! je viens même de rire toute seule dans mon bureau, ce qui a fait froncer les sourcils de mon chef… pour moi la méditation est chaque soir différente… je ne m’isole pas, je ne me coupe pas du monde, je reste dans la vraie vie et j’inclus tous les bruits, les images, les parfums et bien sûr les pensées qui défilent dans ma méditation, je les observe une à une et me laisse emporter au fil de ma respiration… La méditation c’est la vie, c’est moi… en fait c’est moi en train de vivre pleinement en prenant justement totalement conscience de ces bruits, de ces images, de ces parfums et de ces pensées et en agissant sur eux pour être en harmonie avec mon environnement plutôt que de le fuir.

    Jean-François Clausse · 29 avril 2019 à 22 h 06 min

    Merci beaucoup pour tes compliments et bravo à toi Lynfit d’avoir partagé ta vision de la méditation ! <3
    PS : n'hésite pas à partager l'article avec ton chef pour essayer de lui faire défroncer les sourcils ! 😉

Anaïs · 16 décembre 2019 à 23 h 50 min

Super intéressant comme approche! Et alors que je suis entrain d’écouter Eckhart Tolle avec qui il est question d’absolument faire taire le mental, quoi qu’il arrive! Eh bien c’est très rafraichissant de se laisser vivre nos voix intérieures et de composer avec, plutôt que de chercher à lutter contre! Une autre manière de trouver un apaisement des voix, en les laissant être et en les regardant rebondir, plutôt qu’en se flagellant tant qu’elles se font entendre… Plus on lutte, plus ça fait mal, non? Just let it be en fait ^_^

    Jean-François Clausse · 20 avril 2020 à 9 h 10 min

    Hello Anaïs ! Vraiment désolé pour ce délai de réponse intermiiiiiinable ! 🙏
    Merci pour ton gentil message. Effectivement, c’est ça, les pensées c’est comme la vie : plus on lutte contre elle, plus on se fait du mal.
    Renoncer, baisser les bras, accepter… fait partie du plan ! On ne se l’autorise jamais assez. Les plus grands changements que j’ai vécus dans ma vie ont commencé d’abord parce que j’ai arrêté de me battre et à partir du moment où j’ai accepté de me laisser entraîner par le courant du grand fleuve de la vie.
    Idem pour les méditations : je suis sûr qu’on avance autant pendant une méditation insatisfaisante que pendant un moment de grâce intense. Donc rien ne sert de se faire trop de mal avec ce qui est censé nous faire du bien ! 😉

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